Dans cet article, nous avons passé en revue les éléments en faveur ou en défaveur de cette hypothèse en discutant notamment:
- Une potentielle implication de l’aS dans la défense antimicrobienne : Comme d’autres peptides impliqués dans les maladies neuroévolutives, l’aS présente des similarités à la fois structurelles et fonctionnelles avec la famille des peptides antimicrobiens. Ils partagent la capacité de s’auto-assembler en oligomères et fibrilles. Différents agents infectieux sont capables d’induire une expression d’aS à la fois in vitro, chez l’animal et chez l’homme. Des études in vitro comme chez l’animal ont également mis en évidence que l’aS semble posséder des propriétés antimicrobiennes et immunomodulatrices. Par exemple, après inoculation du West-Nile virus, les souris SNCA knock-out (n’exprimant pas l’aS) avaient une charge virale intracérébrale, une concentration intracérébrale de marqueur d’apoptose neuronale et un taux de mortalité plus élevés que les souris Wild-type. Dans une autre étude, les souris SNCA KO étaient également plus vulnérables aux infections sévères à réovirus et à Salmonella typhimurium, avec une corrélation positive observée entre l’expression d’aS (fonction du nombre d’allèles SNCA exprimés) et leurs taux de survie.
- Un potentiel lien entre la porte d’entrée d’agents infectieux et la précocité des symptômes : Etant donné le rôle potentiel de l’aS dans la défense antimicrobienne, les dépôts précoces d’aS au niveau du système nerveux périphérique pourraient refléter l’effet déclencheur d’agents infectieux en contact avec les terminaisons nerveuses des muqueuses. En ce qui concerne les premiers symptômes de la MCL et de la MP, les troubles olfactifs et gastro-intestinaux (reflétant des dépôts dans le bulbe olfactif et/ou le plexus entérique) pourraient suggérer un point d’entrée au niveau de la sphère ORL et/ou au niveau du tractus gastro-intestinal. Concernant l’AMS, la précocité de symptômes urinaires ou de dysfonctionnement érectile chez certains patients pourraient plaider en faveur d’un point d’entrée urogénital. Après une initiation en périphérie, la pathologie pourrait ensuite se propager vers le système nerveux central en suivant les réseaux neuronaux comme le suggèrent les études anatomopathologiques et chez l’animal.
- L’importance de prendre en compte différents facteurs de susceptibilité qui pourraient moduler l’impact des agents infectieux sur le système nerveux. Parmi les facteurs possibles, nous avons discuté l’impact potentiel d’une modification de la réponse immunitaire avec l’âge ainsi que les liens existants entre infections et différents facteurs de risque des alpha-synucléinopathies, qu’ils soient génétiques ou environnementaux.
Cet article présente également :
- une présentation brève des revues de littératures évaluant un potentiel lien entre agents infectieux et MP
- une revue de littérature systématique identifiant les études réalisées sur le sujet pour la MCL et l’AMS (23 études identifiées).
Références
Linard M, Ravier A, Mougué L, Grgurina I, Boutillier AL, Foubert-Samier A, Blanc F, Helmer C. Infectious Agents as Potential Drivers of α-Synucleinopathies. Mov Disord. 2022 Mar;37(3):464-477. doi: 10.1002/mds.28925. Epub 2022 Jan 18. PMID: 35040520.
Lien : https://movementdisorders-onlinelibrary-wiley-com.proxy.insermbiblio.inist.fr/doi/10.1002/mds.28925
Article discuté également sur le podcast de la Movement Disorder Society à l’adresse suivante :
https://www.movementdisorders.org/Podcasts/Infectious-agents-as-drivers-of-synucleinopathies.htm
Morgane LINARD
Morgane Linard (MD, PhD) est actuellement post-doctorante dans l’équipe INSERM U1219 Bordeaux Population Health.