Chers(es) collègues, chers(es) ami(es),
Comme vous le savez, un arrêté publié le 28 mars 2022, a mis à jour l’ensemble des pathologies limitant ou contre-indiquant la conduite automobile.
L’article 4.2.2 de l’arrêté fixait l’incompatibilité définitive à la conduite des patients au stade REISBERG 3 d’une pathologie neurocognitive.
La Fédération des Centres Mémoire (FCM), représentée par le Pr Maria SOTO, Gériatre, le Dr Eric DUMAS, Gériatre et le Dr Virginie GOUTTE, Neuropsychologue, et la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) représentée par le Pr Sylvie BONIN-GUILLAUME, ont souhaité piloter un groupe de travail en association avec le Collège de Médecine Générale (CMG) et l’Automobile Club Médical de France (ACMF) afin, sur la base d’une revue exhaustive de la littérature de rédiger des recommandations issues de l’Evidence-Based-Medicine, sur l’évaluation de l’aptitude à la conduite automobile des usagers de la route atteints de troubles neurocognitifs. Ces recommandations ont donné lieu à deux publications :
Chloé Lazeras, Marie Bonnet, Brice Laurens, Gilles Berrut, Éric Dumas, Philippe Dombret, Sylvie Bonin-Guillaume, Philippe Lauwick, Francis Abramovici, Maria Soto-Martin, Virginie Goutte. Conduite automobile : Quelle est la pertinence et l’utilité de l’échelle de Reisberg en 2023 ? Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement. 2023 ;21(3) :343-346. doi :10.1684/pnv.2023.1118
Brice Laurens, Eric Dumas, Gilles Berrut, Virginie Goutte, Sylvie Bonin-Guillaume, Marie Bonnet, Chloé Lazeras, Philippe Lauwick, Philippe Dombret, Francis Abramovici, Maria Soto Martin. Recommandations pour l’accompagnement et l’orientation pour la conduite des patients atteints (ou suspectés) d’une maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées : consensus des sociétés savantes françaises. Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement. 2023 ;21(3) :347-362. Doi :10.1684/pnv.2023.1124
Des algorithmes décisionnels adaptés à chaque professionnels (médecins généralistes, professionnels de consultation mémoire et médecins agréés) ont été rédigés et une fiche de synthèse de l’évaluation du risque proposée. Ces documents sont téléchargeables en cliquant sur le lien suivant :
https://www.centres-memoire.fr/recommandation-conducteurs-maladie-alzheimer/
La Délégation à la Sécurité Routière a mis en ligne le 24 juillet 2025, sur son site internet, ses recommandations issues de celles proposées par les sociétés savantes :
« A un stade qu’on pourrait qualifier de « REISBERG 2+ » caractérisé par une préservation des fonctions attentionnelles et exécutives, et des habiletés perceptivo-motrices, les conducteurs du groupe 1 (véhicules légers) n’exposent pas véritablement autrui à un surrisque d’accident. À ce stade, il peut n’exister, par exemple, que des troubles de la mémoire épisodique (difficultés à se remémorer avec précision les activités des semaines précédentes) ou du langage (difficultés à trouver les mots) qui n’affectent en rien les capacités de conduite dans un contexte non professionnel ».
Quelles sont les conclusions en pratique des recommandations publiées par la DSR ?
- Un diagnostic précoce (stade prodromique ou léger) d’une maladie neurocognitive n’entraine pas automatiquement une interdiction de la conduite : les patients auront droit à une évaluation personnalisée.
- Les médecins généralistes et les médecins spécialistes (gériatre, neurologues, psychiatres…) pourront prodiguer un conseil ou un avis sur l’aptitude ou non à la conduite, basé selon l’évaluation personnalisée, en suivant les algorithmes décisionnels proposés dans les recommandations des sociétés . Cet avis doit être spécifié dans le dossier médical et le compte rendu de consultation ; le patient (et s’il le souhaite son entourage) doit en être informé.
- Lorsque la fiche d’évaluation personnalisée dans le cadre de l’aptitude à la conduite ne montre qu’un trouble de la mémoire ou du langage isolé sans autres atteintes cognitives ou comorbidités associées, les conducteurs du groupe 1 (non professionnels de la route) sont évalués à un stade REISBERG 2+ et ne présentent pas de surrisque d’accident ; la conduite peut être poursuivie.
Finalement, quand adresser à un médecin agréé ?
- Quand le médecin traitant ou le médecin spécialiste a un doute sur l’aptitude (atteinte cognitive autre que mnésique ou langagière isolée, présence de comorbidités) ; le médecin agréé seul, jugera du maintien, de la limitation ou de la suspension de la permission à conduire.
- Quand, malgré l’avis négatif du médecin traitant ou spécialiste, le patient et/ou sa famille veut s’assurer de son inaptitude auprès d’un médecin agréé.
Les médecins généralistes et les professionnels de consultations mémoire pourront dorénavant prodiguer un conseil basé sur des recommandations validées, que ce soit une poursuite de la conduite, une contre-indication ou une orientation vers un médecin agréé.